LELAND ELLSBURY & NORMA-JEAN WEETHEART
La cloche avait sonné depuis maintenant trois jours. Ce léger tintement presque inaudible, les étudiants l'avaient attendu durant les quatre derniers mois. De longs mois, interminables, comme une année entière. Ils l'idolâtraient, ce fameux tintement, comme un enfant qui attend la venue du Père Noël. Ils avaient pris la nouvelle décapotable de Scott pour rejoindre La Jolla. Le rouge était flamboyant, comme le soleil de Californie. Les cheveux dans le vent, ils respiraient la santé, la jeunesse. Des paysages idylliques à perte de vue. Le bruit des vagues qui venaient s'écraser sur les côtes. Tout ça sur un air des Beach Boys qu'ils sifflaient depuis leur départ de Sacramento.
Ils retrouvaient La Jolla, pour un été de plus. Pour des feux de camp en plus, des fêtes de plus. Du surf. Ils avaient déposé les filles devant leur villa. Ils reprenaient le chemin inverse: direction la villa Stella. Cette bonne vieille Stella, qu'est-ce qu'elle leur avait manqué. Ni une, ni deux: le surf occupait leur esprit. Les vagues leur criaient de rejoindre leurs amis, d'enfourcher leur planche.
« Bordel, ma planche ! » S'exclama Leland, encore sous le choc. Sa valise ouverte à ses pieds, des vêtements éparpillés un peu partout dans la chambre. Scott, son ami, lui demanda de quelle planche il parlait. Non. Ce n'était pas possible: pas la planche de surf. Tout. Tout sauf ça.
« Sacramento est à trois heures d'ici. Comment je vais faire ? » Scott lui expliqua que ce n'était pas la peine d'y penser parce que refaire six heures de route, non. Y avait-il seulement des taxis à La Jolla ? Ils n'en avaient jamais vu. Leland conclut la conversation en balançant son autre valise contre le mur. Elle retomba dans un bruit fracassant et laissa une trace noire sur le mur blanc.
« Je vais en acheter une, j'te rejoins à la plage. » La planche sous le bras, Scott rejoignit donc la plage, à la demande de son ami. Leland prit la voiture de son ami. Ils partageaient tout... il serait sûrement d'accord. Après tout, il suffisait de faire un peu attention sur la route. Puis, à La Jolla on ne conduit pas comme des fous. On conduit avec classe.
Seaside Mall était à cinq minutes de la villa. Leland mit plus de temps que d'habitude à trouver une place de voiture sur le parking coloré. Il y avait toute sorte de voiture. Des belles. Des moins belles. Des laides. Des vertes. Des bleus. Des rouges. Le lieu avait un peu changement depuis l'été dernier. Les ruelles étaient plus propres et il y avait plus de magasins. Leland pénétra dans le meilleur magasin de planche de surf, le meilleur. Le plus cher, surtout.
« Elle est magnifique ! Je la prend. » Il saisit la planche, l'enfourcha sous son bras. Elle sentait le neuf. Elle glissait quelque peu à cause du plastique qui la recouvrait. Le vendeur passa derrière le comptoir, ouvrit la caisse. Leland cala la planche contre un rebord. La planche dût déjà se croire sur les vagues puisqu'elle tomba aux pieds... aux pieds d'une charmante jeune femme.
« Heu... excuse moi. Dé... Désolé. Oh ! En plus elle a une rayure maintenant. » Il la fit glisser sur le comptoir.
« Non, monsieur. La rayure est sur le plastique. Ça sert à ça le plastique protecteur. » Leland ne trouva rien à dire. Il sifflait l'air des Beach Boys.