throw your hands up high (mary)

give me a sign.
Le soleil avait pris sa place, sur l’horizon. Les matelas s’étaient entassés sur le sol glacé de la Villa Azure. Les lits étaient défaits, les draps avaient disparu. La cuisine était en désordre ; la vaisselle reposait dans l’évier depuis la veille et personne ne semblait réellement s’en préoccuper. Les moquettes des chambres étaient jonchées de déchets en tout genre, que ce soit des sacs poubelles vides ou des bouteilles de jus d’orange à demi remplies. Le réveil affichait nerveusement huit heures du matin mais Veronica ignorait si c’était le décalage horaire ou si c’était simplement un signe de fatigue suite à ce long voyage mais elle vacillait maladroitement. Tentant de se lever, elle se retint au petit guéridon qui lui servait de table de nuit, dont elle ne pouvait distinguer le matériau. Sa tête tournant dans tous les sens, elle réalisa alors qu’elle avait passé la nuit dernière à boire une bouteille de champagne ainsi qu’un mélange alcool, sable, et biscuits secs sûrement périmés. Foutu action ou vérité. Le goût salé de la mer lui venait en arrière goût, effleurant son palais à chaque fois que sa langue renouait avec sa mâchoire. Elle accorda un rapide coup d’œil à ses colocataires, toutes allongées, les yeux fermés et la bouche légèrement entrouverte. Toutes sauf Mary, qui avait disparu de la Villa. A moins qu’elle soit simplement sortie sur la terrasse. Veronica se servit un jus d’orange, essayant de faire passer l’arrière-goût qui trônait dans sa bouche. Mais peu importe, le goût amer persistait. Elle hésita à crier le nom de Mary mais vu sa soirée, elle se demandait même si sa voix parviendrait à sortir de sa bouche. Elle se racla la gorge, nerveuse. Son premier soir à la Jolla s’était ainsi déroulé. Qu’en serait-il des autres, si elle continuait à ce train-là ? Elle entendit le vieux téléphone à roulette qui était installé sur le mur nu. Elle décrocha, alerte et reconnut la voix de son père, qui lui avait ordonnée la veille de l’appeler dès son arrivée à la Villa. Alors qu’elle tentait de déblatérer des excuses peu probables et toutes aussi farfelues pour s’excuser, elle entendit la machine à café se mettre en marche derrière elle. Mary, les cheveux noués, se tenait en face d’elle, tout sourire. Maquillée, coiffée, habillée, tandis que Veronica tentait tant bien que mal de masquer les cernes qui apparaissaient comme des poches sous ses yeux. Elle lui accorda un sourire gêné et tenta de mettre fin à la discussion puérile qui se déroulait sous les yeux de son amie. Le téléphoné éteint, la conversation terminée, la jeune fille s’assit au comptoir en poussant un long soupir. « Si toi aussi, t’attends tes dix-huit ans avec impatience, tape dans tes mains. » s’exclama Mary en arborant un long sourire, qui était bien plus beau que la blague elle-même. « Ca te dit une matinée plongée ? Parce-que moi oui. » ajouta-t-elle dans un rictus solennel.